lundi 23 mai 2011

Le développement durable de notre bien-être: mission possible? (Partie 2)

Dans mon billet précédent sur la question, je vous demandais s'il était possible d'améliorer de façon durable notre sort en matière de bien-être psychologique. Je vous avais présenté le premier côté de la médaille, plus pessimiste, où nous avions présenté des arguments qui soutenaient qu'il était difficile de modifier notre niveau "naturel" de bien-être.

Difficile, mais pas impossible? C'est ce que la science soutient. Voici donc différents arguments recensés (Lyubomirsky, Sheldon, & Schkade, 2005) qui soutiennent la thèse que oui, il est bel et bien possible d'améliorer de manière durable notre niveau de bien-être psychologique.

Argument 1: Certaines interventions pour améliorer le bien-être fonctionnent
La science a démontré que certaines interventions visant à optimiser le bien-être sont réellement bénéfiques. Par exemple, des études scientifiques ont permis de découvrir que lorsque pratiquées selon certains paramètres, des activités telles que pratiquer le pardon, exprimer sa gratitude, poser des gestes de bonté envers les autres, faire de l'introspection et réfléchir au "moi idéal" ont un réel effet positif. On sait également que certaines interventions psychologique utilisées dans le traitement de la dépression, comme la restructuration cognitive (revoir nos croyances erronnées qui nous nuisent) ont des effets à long terme pour aider les personnes atteintes. Ces éléments de preuve sont encourageants: il semble possible de poser des gestes qui bonifieront notre bien-être.

Il faut toutefois mentionner que la science du bien-être est encore relativement jeune, et encore beaucoup reste à découvrir. En effet, bien que ces interventions aient démontré leur efficacité scientifiquement, il n'en demeure pas moins que les effets à court terme ont été plus étudiés, mais il reste plus de recherche à faire pour savoir si ces effets perdurent à travers les années (et si oui, pendant combien de temps!). Il n'en demeure pas moins que je considère ces premières recherches comme prometteuses!

Argument 2: Nos attitudes et nos actions influencent elles aussi notre bien-être
Je vous avais mentionné l'impact significatif de notre personnalité et de nos gènes (deux éléments sur lesquels nous avons très peu de contrôle) dans la détermination de notre niveau de bien-être. 50% de notre niveau de bien-être serait déterminé par notre seuil de bien-être psychologique imbriqué dans notre bagage génétique... Décourageant, me direz-vous. Voyons plutôt le verre à moitié plein: cela laisse un autre 50% qui n'est pas contrôlé par notre héritage biologique. Selon certaines recherches, on estime qu'environ 10 à 15% de notre bien-être (seulement!) serait déterminé par nos circonstances de vie (statut socio-économique, statut familial, type d'emploi, etc.). Mais ce qui nous intéresse essentiellement ici est qu'il reste 35% à 40% de notre bien-être qui serait déterminé par nos attitudes et les gestes que l'on pose.

On sait notamment que d'avoir des buts que l'on poursuit par intérêt ou parce qu'ils sont compatibles avec nos valeurs, nos intérêts et qu'ils nous ressemblent, est associé à plus de bien-être psychologique. Aussi, adopter une attitude optimiste de même que la capacité à éviter la comparaison sociale sont autant de façons d'être associées scientifiquement à un bien-être accru. Viktor Frankl disait que "la dernière des libertés humaines est de choisir son attitude dans n'importe quelles circonstances données"... Ça semble être une des clés importantes du bien-être!

Argument 3: Les personnes âgées vivent plus de bien-être que les jeunes
Bonne nouvelle: les études démontrent qu'avec le temps, on devient plus heureux! Plus spécifiquement, les personnes âgées rapportent être plus satisfaits face à leur vie et vivre moins d'émotions négatives que les plus jeunes générations! Certains chercheurs avancent qu'en vieillissant, on apprend à façonner notre vie et à nous fixer des objectifs qui nous amèneront plus de bien-être... Cet effet a également été observé dans le cas de la satisfaction au travail où, après la lune de miel de l'entrée sur le marché du travail, les travailleurs vivent en moyenne une période moins satisfaisante, puis regagnent en satisfaction jusqu'à leur retraite. Courage, il y a de l'espoir!

En somme, bien que plusieurs arguments pourraient nous décourager et nous amener à accepter notre triste sort, autant d'arguments soutiennent qu'au contraire, il est possible de prendre en charge notre bien-être pour l'améliorer! Voilà qui est source d'optimisme!

Et vous, qu'en pensez-vous? Dans quelle mesure croyez-vous que votre attitude influence votre bien-être? Comment peut-on choisir une attitude gagnante, au travail comme dans nos vies personnelles?


Vous voulez en savoir plus? Lisez ceci:

Lyubomirsky, S., Sheldon, K. M., & Schkade, D. (2005). Pursuing Happiness: The Architecture of Sustainable Change. Review of General Psychology, 9(2), 111-131.

Lyubomirsky, S. (2008). The How of Happiness. Penguin Press.

5 commentaires:

Kaipirinha a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Karen a dit…

Aussi, livre en français: Lucie Mandeville, Le bonheur extraordinaire des gens ordinaires. C'est une de tes collègues non?

Véronique Dagenais-Desmarais, Ph.D. a dit…

Effectivement, Lucie est professeure en psychologie clinique à l'UdeS. As-tu eu l'occasion de lire son livre?

Karen a dit…

Il est sur ma table de chevet. Je suis rendue au chapitre 4 (comment s'y prend-on pour savoir si on est heureux?). À noter l'accroche du chapitre 3, que j'adore: 'Il n'y a pas de honte à préférer le bonheur'. - A. Camus. :)

Véronique Dagenais-Desmarais, Ph.D. a dit…

J'aime bien ta citation! Dès que je vois une "carte postale" en librairie, je l'achète et je la mets sur mon mur des citations dans mon bureau!

Pour ton information, Le livre "The how of happiness" de Sonja Lyubomirsky (en anglais) est vraiment excellent, et comprend des activités très concrètes pour "travailler" sur notre bien-être, en fonction de qui l'on est et de nos préférences. Je l'ai trouvé très inspirant, et... il est basé sur des résultats d'études empiriques (petit dada de chercheuse!) :)