jeudi 10 septembre 2009

Deux façons de voir le bien-être psychologique?

Je vous ai parlé précédemment du bien-être psychologique comme étant la composante positive de la santé psychologique, comparativement à la détresse psychologique qui est plutôt la composante négative. Mais au-delà d'être la noble façade de la santé, qu'est-ce que le bien-être psychologique?

Dans le langage populaire, il existe de multiples conceptions intuitives de ce que c'est. Si je vous demande ce qu'est le bien-être psychologique au travail, j'obtiendrais une panoplie de réponses. Du point de vue scientifique, il existe aussi une panoplie de définitions et de modèles... Les chercheurs s'entendent encore très peu sur ce qu'est réellement le bien-être psychologique au travail...

2 conceptions distinctes
Malgré la confusion actuelle dans la communauté scientifique, on commence à dégager 2 grandes conceptions du bien-être psychologique. Ces deux visions ne sont pas nouvelles: déjà dans la Grèce Antique, les philosophes grecs débataient de ces questions. Or, de nos jours, on a formalisé ces connaissances en théories scientifiques du bien-être psychologique.

  • On peut voir le bien-être psychologique comme étant l'équilibre entre les émotions positives et les émotions négatives. Plus je vis d'émotions positives et de satisfaction au travail, plus je vis de bien-être. Les scientifiques appellent cela le bien-être hédonique.
  • On peut aussi concevoir le bien-être psychologique comme étant le fait de devenir le meilleur de soi, de s'accomplir dans ce qu'on fait, de s'actualiser. En psychologie positive, on parle de bien-être eudémonique.
Quelles sont les implications de ces deux types de bien-être?
Prenez seulement ce scénario: si j'engage des clowns pour venir vous faire rire au bureau, vivrez-vous beaucoup de bien-être au travail? Vous ressentirez sans doute un certain bien-être hédonique (si seulement vous aimez les clowns!): vous vivrez des émotions positives, comme la joie ou la surprise. Mais aurez-vous l'impression de devenir une meilleure personne grâce au clown? Pas vraiment. Mon intervention n'aura aucun effet sur votre bien-être eudémonique.

Au contraire, prenez cet autre scénario: en tant que gestionnaire, je vous assigne un nouveau projet et je vous confie d'importantes responsabilités. Vous n'êtes pas encore exactement compétent pour relever le défi, mais je vous donne des outils pour y arriver (collègue expérimenté, formation, etc.). Au fil des semaines, vous aurez l'impression de "grandir" dans votre rôle professionnel: vous vous sentirez plus en contrôle du projet, vous constaterez que vous bâtissez votre compétence dans le domaine, vous commencerez à voir les résultats de vos gestes, les autres vous donneront du feedback positif sur vos réalisations. Vous vivrez donc du bien-être eudémonique, vous aurez l'impression d'utiliser pleinement votre talent et vos ressources. Est-ce que cela signifie pour autant que vous serez submergés d'émotions plaisantes? Pas nécessairement... vous serez sans doute stressé par moments, frustré de ne pas tout maîtriser du premier coup, etc. Donc en terme de bien-être hédonique, il n'est pas garanti que vous vivrez plus d'émotions positives que négatives...

Donc en somme, ces deux types de bien-être psychologique au travail sont complémentaires... On peut avoir l'un sans l'autre, mais le fait d'avoir un grand niveau de bien-être eudémonique peut aussi favoriser le bien-être hédonique!

Dans un prochain message, je vous parlerai de quel type de bien-être devrait être priorisé pour optimiser notre expérience de travail...

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