mardi 14 juillet 2009

Le bien-être psychologique des travailleurs du milieu de la santé


Il y a quelques mois, j'ai accordé une entrevue à Éric Whittom, journaliste. L'Ordre des pharmaciens du Québec ayant accepté de collaborer à mon étude doctorale, j'ai pu sonder la santé psychologique d'une portion de ses membres, et les résultats de l'étude ont été diffusés aux pharmaciens dans un article de la revue L'actualité pharmaceutique. Grâce à la permission de la revue, je vous fais part de cet article, qui décrit bien les conclusions de mon étude pour ce corps d'emploi.



Bien-être
Les pharmaciens sont heureux au travail !
Au travail, les pharmaciens ont un niveau de bien-être psychologique relativement élevé et de détresse psychologique relativement faible. C’est un des constats de l’étudiante Véronique Dagenais-Desmarais qui a rédigé une thèse de doctorat à l’Université de Montréal sur le bien-être psychologique au travail.

Par Éric Whittom, B. Pharm.

Ces résultats sont comparables à ceux des autres travailleurs ayant participé à l’étude. « Malgré ce qu’on entend en terme de statistiques effrayantes, ce n’est pas la majorité des travailleurs qui sont au bord de l’épuisement professionnel », souligne l’étudiante en psychologie de travail et des organisations.

Pour l’ensemble des participants comme pour les pharmaciens spécifiquement, il n’y a pas eu de différence statistiquement significative du bien-être et de la détresse psychologique au travail en ce qui a trait au niveau hiérarchique, au type d’organisation (privé ou public), à l’ancienneté, à l’horaire de travail et à la région géographique. « Par contre, les femmes ont une santé psychologique légèrement moins bonne que les hommes », rapporte l’étudiante. Toutefois, elle n’a pas observé cette différence chez les pharmaciennes, peut-être en raison de la petite taille de l’échantillon de pharmaciens où 71 % étaient des femmes.

Sa thèse, déposée ce mois-ci, avait pour but de mieux comprendre le bien-être psychologique au travail selon la perspective des travailleurs. « Traditionnellement, on s’est penché beaucoup sur la mauvaise santé psychologique au travail, par conséquent on en sait très peu sur la bonne santé psychologique », indique-t-elle.

D’abord une bonne estime de soi
Ont participé à cette étude 1015 travailleurs (24 % étaient des hommes et 76 %, des femmes, et la moyenne d’âge était de 37,7 ans), principalement des professionnels (paramédical, affaires, sciences pures), dont 73 pharmaciens communautaires et d’établissements de santé, en provenance de l’ensemble des régions du Québec. Les participants ont rempli à l’été 2008 un questionnaire sur le bien-être et la détresse psychologique au travail qui a été développé par l’étudiante.

Le bien-être psychologique est caractérisé notamment par une bonne estime de soi, une vie équilibrée et un engagement social. À l’inverse, la détresse psychologique comprend l’irritabilité, l’anxiété, une faible estime de soi, etc.

La portée de cette étude à certaines limites. « En raison du petit nombre de pharmaciens participants, on ne trouve pas de différence. Toutefois, on aurait peut-être un autre portrait si on refaisait l’étude avec un plus grand nombre de pharmaciens. » Par ailleurs, les résultats ne sont pas parfaitement représentatifs de la population en général, car l’échantillon était composé principalement de professionnels de niveau universitaire.

« À la lumière de mes résultats, on se rend compte que les gens montrent un bon seuil de bien-être psychologique au travail, ce qui vient peut-être les protéger contre les situations de détresse qui peuvent être vécues au travail. Ainsi, en misant sur le bien-être psychologique, on est peut-être capable de se vacciner contre la détresse psychologique au travail », conclut l’étudiante. 

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