mardi 2 novembre 2010

Que choisir? Plaisir, engagement ou sens au travail?

Dans un message précédent, nous avons déjà parlé des 2 façons de concevoir le bien-être psychologique, soit dans une perspective hédonique (axée vers le plaisir et les émotions positives) ou eudémonique (axée vers le développement de son plein potentiel). Or, est-ce le plaisir ou le sens qu'on donne aux événements qui mène à un bien-être accru?

Bien que les philosophes Grecs se soient posé ces questions il y a de cela plusieurs siècles, elles soulèvent encore des réflexions. Récemment, des chercheurs de la University of Pennsylvania, dont le très réputé Martin Seligman, ont mené une étude sur le sujet. 

Trois chemins vers le bonheur
En 2006, Martin Seligman avait identifié trois stratégies pour ressentir du bien-être psychologique: l'engagement, le sens et le plaisir. Le plaisir correspond au fait de vivre des émotions positives fréquemment, au quotidien. Est-ce que je ressens de la joie, de la fierté, de l'enthousiasme, de l'excitation,  de la sérénité, de l'enjouement, du calme? L'engagement représente le fait de s'investir pleinement et activement dans une tâche, de s'y sentir absorbé. Certains chercheurs étudient ce phénomène sous le nom de "flow". En état de flow, on perd la notion du temps en faisant la tâche, on est complètement absorbé et concentré dans la tâche,  on a l'impression d'être en contrôle de ce qu'on fait et hyperfocusé, on perçoit notre tâche comme étant plaisante et constituant un défi réaliste, et on sait ce qu'on doit faire. Enfin, le sens correspond au fait de trouver une signification aux événements qui se produisent dans notre vie. Il s'agit d'identifier le "pourquoi" des événements ou de nos décisions, à la lumière des implications sur notre réseau social ou nos objectifs de vie.

Mais quel est le chemin du bonheur?
Selon Seligman (2002), c'est lorsqu'on combine ces trois stratégies que l'on peut vivre une "vie entière", pleinement satisfaisante. Mais qu'en est-il quand l'on compare les trois stratégies? Laquelle apporte un plus grand bien-être? Les chercheurs ont sondé plus de 13 000 répondants, et ils ont découvert que bien que les trois stratégies sont associées à plus de bien-être, c'est surtout la recherche de sens et l'engagement qui mènent à plus de bien-être et d'émotions positives. En fait, idéalement, il semble être préférable de combiner les trois stratégies, puisque l'absence complète de plaisir est nocive au bien-être

Les trois stratégies ont aussi un impact différent sur notre trajectoire de vie: lorsqu'on recherche surtout le plaisir, on a un peu moins tendance à faire de longues études et à obtenir un emploi très qualifié. Au contraire, lorsqu'on tend vers plus de sens et d'engagement, on est en général plus qualifié, tant dans les diplômes que dans notre emploi! Cela semble logique, car parfois entreprendre de grandes études ou rechercher un emploi challengeant ne sera pas toujours plaisant! C'est là où le sens et l'engagement viennent contribuer à maintenir notre motivation à persévérer, malgré une absence temporaire de plaisir.

En somme, pour accroître notre bien-être psychologique, au travail comme dans d'autres sphères de vie, il est important de tendre vers à la fois un engagement soutenu, l'identification du sens à ce qu'on fait et, dans une moindre mesure, le plaisir qu'on peut y trouver. Toutefois, si vous devez choisir, optez pour la recherche de sens ou l'engagement dans ce que vous faites, plutôt que de chercher à avoir du plaisir comme motivation première! 

Vous souhaitez faire le test et voir où vous en êtes par rapport à votre bien-être? L'équipe du Docteur Seligman vous offre une série de questionnaires scientifiques à compléter en ligne. Sur le site http://www.authentichappiness.org/, vous pouvez remplir les questionnaires et obtenir une rétroaction immédiate sur vos résultats! Et en plus, vous faites un beau geste: vous aidez les chercheurs à mieux comprendre le bien-être!
Source: 
Schueller, S. M., & Seligman, M. E. P. (2010). Pursuit of pleasure, engagement, and meaning: Relationships to subjective and objective measures of well-being. The Journal of Positive Psychology, 5(4), 253 - 263. 

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